Domaine de la Grange des Pères (Aniane) *****
Laurent Vaillé, disciple d'Eloi Durbach, de Jean-Louis Chave... a connu le succès dès son installation sur le massif d'Arboussas en 1992. Aujourd'hui à la tête d'un domaine d'environ 11 hectares, il produit, dans un esprit proche de la biodynamie sans recherche de certification, les plus grands vins du Languedoc et les plus recherchés. Le rouge est "explosif", à la fois plein de fruit, "sauvage", reconnaissable à ses arômes de garrigue et d'anchois (surtout en jeunesse), salin et surtout plein de fraîcheur grâce à l'acidité naturelle du cabernet sauvignon et au terroir très "caillouteux". Il est fougueux mais très accessible dans la jeunesse, et peut aussi vieillir admirablement, devenant plus "fondu". Le blanc est très "bourguignon", gras, opulent, riche, souvent un peu trop boisé en jeunesse, mais lui aussi vieillit très bien. Depuis le décès de Laurent, son frère Bernard a pris la suite : les premiers millésimes semblent tout aussi qualitatifs.
Grange des Pères - VdP de l'Hérault rouge 2005 : (40% syrah, 40% mourvèdre, cabernet sauvignon, counoise) Carafée 8h environ. Couleur rouge grenat. Nez très éxubérant, magnifique, et très complexe, sur de la fraise et des fruits très mûrs, compotés. On trouve aussi un très léger fumé, tabac, des épices (poivre, olives noires), et un côté un peu iodé. La bouche est puissante mais en même temps très fine, les tannins sont très bien intégrés, moins asséchants que La Mission HB, l'acidité lui donne de la fraîcheur qui contrebalance bien les fruits très mûrs. C'est très agréable à boire même sans manger. Finale très longue. 19/20. (dégusté lors d'une soirée aux caves Naudot).
Goûtés lors du Witch 2014 :
Grange des Pères 2009 : au nez l’élevage est encore présent, caramel, vanille, beaucoup de fruits noirs, un peu d’épices. Mieux en bouche, bonne matière et bonne acidité, il a besoin d’encore un peu de temps pour que l’élevage s’intègre, mais ça devrait être très bon dans 3-4ans. TB-.
Grange des Pères 2005 : nez évolué, sur le cuir, le champignon, mais malheureusement une petite pointe liégeuse me dérange. Pareil en bouche, très légèrement bouchonné, sinon on sentait de la fraîcheur, un beau fruité et des arômes plus évolués derrière. Dommage.
Grange des Pères 2010 blanc : (roussanne, chardonnay + marsanne) robe très foncée pour un blanc 2010, nez beurré, vanillé, proche d’un Meursault, avec aussi beaucoup d’abricot. C’est un peu jeune mais on se dit que dans quelques années ça pourra être très beau. Par contre la bouche est très décevante, épaisse, vanillée, mais très molle. Gros manque de tension. Un peu déçu. B-.
Grange des Pères blanc 2013 : couleur très dorée, nez très boisé, grillé surtout, miel, fruits mûrs voire exotique derrière. Bouche plus sèche, citronnée, avec de la puissance, finit sur l'amertume et toujours des notes grillées très marquées. Décevant en l'état. B-.
Blanc 2012 : oxydé.
Grange des Pères - Blanc 2004 : robe or profond, nez puissant, très beurré et boisé, avec du miel, de l’abricot, de la pêche qui m’évoque un chardonnay de Bourgogne sur une année chaude avec un élevage trop appuyé. Bouche puissante, très grasse et beurrée, fruits très mûrs, miel. Finale très longue, quelques épices, un peu alcooleuse. Peu de plaisir pour moi (encore une fois avec GdP blanc) même si ce n’est pas un mauvais vin, loin de là. Il va souffrir de la comparaison avec les autres vins de la soirée. B.
Grange des Pères blanc 2008 : couleur dorée, très beau fruité au nez, ananas, pêche, des notes de camomille, tilleul, miel. Bouche avec une certaine puissante, mais une belle acidité derrière, de fins amers sur la finale, beaucoup de fruits (exotiques et fruits jaunes mûrs), du gras, mais ça reste très élégant. De loin mon plus beau blanc du domaine. TB++.
Grange des Pères rouge 2009 : nez expressif avec beaucoup d'herbes sauvages, garrigue, fruits noirs, bouche exubérante, avec des tannins fins, ça part un peu dans tous les sens mais sans que ce soit déséquilibré, finale légèrement saline. TB+.
Grange des Pères rouge 2012 : (soirée LPV) robe plus foncée, on sent qu’on a changé de région, le nez est exubérant, avec beaucoup d’anchois, de l’olive, du fruit assez mûr. Plusieurs pensent à la Grange des Pères autour de la table, pour l’anchois surtout. La bouche est à la fois exubérante et fraîche, avec des tannins de velours, belle longueur en plus avec un côté salin qui donne envie d’y retourner. Grand vin, déjà, que tout le monde a adoré. TB+.
Grange des Pères 2012 : à l’ouverture le vin est assez marqué pain grillé/toasté, mieux après une demi-journée de carafe, toujours très marqué anchois, un peu moins de matière que sur la précédente bouteille qui goûtait un peu mieux, même si ça reste excellent. TB.
Grange des Pères rouge 2010 : (ouverte à midi pour le soir) On retrouve bien le nez exubérant de la GdP avec des fruits rouges et noirs assez mûrs et sauvages, des notes de garrigue, un peu d'anchois, mais beaucoup moins que dans le 2012, mais toujours ce qu'il faut de fraîcheur. La bouche est par contre plus puissante que dans le 2012, et semble un peu trop jeune, plus brutale que sur les autres millésimes même après une longue ouverture. Très longue finale, sur la garrigue, l'olive, l'anchois. Déjà très bon, mais moins prêt à boire que 2012, il semble encore loin de son apogée. TB.
Grange des pères rouge 2005 : il s'est révélé très différent lors de la dernière dégustation, très "Reynaud", exubérant, sur la confiture de fraise, la rose, les épices, différent mais exceptionnel aussi. TB+.
Grange des Pères - Rouge 2008 : Robe sombre, nez sur les fruits noirs, quelues épices, pas très marqué anchois pour une GdP. Bouche facile, fruitée, pas très puissante, ronde, manque un peu de profondeur et de caractère pour une GdP, le style m'a semblé assez moderne et typé Rhône Nord à l'aveugle. Surprise en voyant l'étiquette. TB.
Grange des Peres rouge 2013 : superbe nez plein d'anchois, d'olives, lardé, fumé, sauvage. Bouche avec du fruit, ce même côté sauvage, finale encore un peu dure, chaleureuse, à attendre encore, beau potentiel de garde. TB. En 2023 ça commence à se détendre, finale qui perd son côté dur petit à petit. TB++. Grange des Pères - IGP Hérault 2013 : s'est enfin détendu, une vraie grange bien portée sur les anchois et la garrigue avec beaucoup de finesse. Ca y est les 13 sont prêts et ça envoie ! TB++.
Grange des Pères Rouge 2015 : couleur assez claire, nez exubérant, sur l'anchois, la tapenade, fruits confiturés, garrigue. Bouche sur les arômes du nez, aucune trace d'élevage, beaucoup de fraîcheur pour 2015, grosse longueur. Déjà superbe. TB++. Depuis il semble s'être refermé, à attendre désormais... Regoûté en 2024 il commence à s'ouvrir à nouveau, typique du domaine anchois, olive... sans excès de chaleur. TB++.
GdP rouge 2016 : couleur plus sombre que le 2015, plein d'anchois et de tapenade, éclatant, dans la fougue de la jeunesse, belle fraîcheur, élevage parfaitement intégré, déjà délicieux. TB++.
Grange des Pères - IGP Hérault 2016 : (40% syrah, mourvèdre, CS, counoise) Couleur sombre, nez très « Grange » anchois, olive, garrigue, fruits noirs. Bouche qui combien intensité, puissance et fraîcheur, les tannins sont fins, dans une phase très ouverte. Délicieux. TB++.
Grange des Pères, IGP Hérault 2017 : (40% syrah, Mourv, CS, counoise) par rapport au 2016 bien plus chaleureux, chocolaté, encore un peu jeune probablement, peut-être même une bouteille sans. B+.
Grange des Peres - rouge 2011 : fermé, pas au niveau de celle bu récemment, une bouteille sans. B+.
Rouge 2019 : fermé en l’état, semble plutôt puissant en comparaison avec 2018.
Rouge 2018 : semble assez léger, facile, fruité, simple, déjà accessible, mais manque un peu de caractère.
Rouge 2017 : un peu fermé en ce moment, mais très prometteur, sauvage, belle acidité dans le fond, beaucoup de fond et d’énergie.
Rouge 2016 : éclatant en ce moment, très ouvert, fruité, sauvage, anchois, tapenade, texture avec beaucoup de finesse, fraîcheur, grandiose.
Rouge 2013 : rien à faire toujours fermé, trop puissant chaleureux, à attendre encore.
Rouge 2009 : bouteille un peu fatiguée peut-être semble très évolué, kirsché, anchois, sous-bois, à boire.
Blanc 2015 : assez riche et opulent, pas trop d’élevage, mais très peu d’acidité, mou, chiant au possible…
Verticale Grange des Pères
Les vins ont été servis dans l’ordre décroissant, en partant de 2014 pour finir en beauté avec 2007. Les bouteilles ont été ouvertes en début d’après-midi pour le soir, avec carafage en fin d'après-midi pour esayer de détendre 2013 et 2010.
Les rouges
(syrah, mourvèdre + cabernet sauvignon, counoise. Elevage de 2ans en barriques, dont 1/3 de fûts neufs)
2014 et 2012 : deux millésimes plutôt frais et légers, aux rendements pourtant faibles (drosophiles sur les mourvèdres en 2014, grêle en 2012) qui ont donné des vins facilement abordables en jeunesse, très expressifs à l’heure actuelle. Ce sont les deux bouteilles sur lesquelles l’aromatique « Grange des Pères » (tapenade, anchois, thym, laurier…) est la plus marquée. Tout le monde s’est régalé, bien que les vins ne soient probablement pas encore à leur apogée.
2013 et 2010 : deux millésimes assez proches, considérés comme de grands millésimes par la critique, qui possèdent à la fois concentration et fraîcheur. Cependant, les vins sont apparus trop jeunes, fermés, austères, par comparaison avec les précédents bien évidemment : il va falloir être patient. Le 2010 du vendredi (ouvert plus longtemps à l'avance car il a fallu remplacer une bouteille bouchonnée le jeudi...) semblait beaucoup plus évolué avec un nez presque truffé. Deviendront-ils grands un jour ? Réponse dans quelques années…
2008 : un vin un peu à part, léger, frais, déjà bien évolué sur ce « petit » millésime, non dénué d’un certain charme, mais qui manque d’intensité, surtout coincé entre 2009 et 2007.
2011, 2009 et 2007 : le tiercé gagnant, 2011 en tête, suivi de près par 2007, puis 2009. Des vins solaires, voire confituré pour 2009 surtout la bouteille du vendredi, mais sans jamais manquer de fraîcheur, avec de belles acidités dans le fond, qui viennent tous les trois d’entrer sur leur plateau de maturité, et devraient y rester encore pas mal d’années. 2011 a peut-être bénéficié d’être le seul vin servi en magnum...
De l’avis de tous, l’effet millésime a été frappant, tant les vins différaient les uns des autres, tout en gardant un niveau d’ensemble particulièrement élevé. Forcément, lorsque le travail se fait à la vigne plus qu'à la cave, il ne peut en être autrement.
Le bonus : le blanc
(Roussanne + marsanne. Elevage en demi-muids, dont 1/3 de fûts neufs)
Pour terminer en beauté, un blanc du domaine était proposé à la dégustation. Le 2011 du jeudi est apparu marqué par une « réduction bourguignonne » d’élevage sur lies, à la Lalou-Bize Leroy, moins opulent, plus énergique que le suivant, mais un peu court. 2010 est beaucoup plus ample, plus puissant, plein de miel et de fruits jaunes, plus long aussi, avec peut-être un peu d'alcool en se réchauffant. L'opposition était un peu la même que sur un Meursault "old school" pour 2010 vs "Nouvelle génération" pour 2011. Les deux vins ont intéressé, voire déstabilisé par leur originalité, mais ont moins convaincu que les rouges.