Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Mon carnet Vin
20 mai 2024

Soirée 1964

 

Exceptionnelle soirée 1964 pour les 60ans de Michel. Un grand moment de convivialité. On ne te remerciera jamais assez de ta générosité.

Des vins à maturité et du partage, ça fait du bien de revenir à l'essence du vin. 

 

M'occupant d'une partie du service, je ne suis pas à l'aveugle contrairement aux convives, Michel est lui en semi-aveugle (il connait les vins mais pas l'ordre de service)

 

 

 

Apéro

Champagne Pierre Deville Primitif Magnum : (Grand cru Verzy, 80% pinot noir, base 2020) Très joli Champagne, nouvelle génération, non collé très légèrement sulfité, très propre, pinot noir à la bulle très fine, patiné par le fût, mûr sans être très dosé, bien marqué pinot frangipane, il combine fraîcheur et gourmandise, déjà prêt à boire. Parfait pour commencer.

 

 

Début des hostilités

Moet & Chandon, Champagne Brut Imperial 1964 : couleur ambrée, encore un peu de bulles à l'ouverture mais qui partent bien sûr assez vite. Tout le monde tourne le vin dans son verre par réflexe, nous laissons faire pour ne pas influencer la dégustation à l'aveugle et personne n'a pensé Champagne ! Le nez est clairement sur l'oxydatif et très marmelade d'orange, abricot aussi. La bouche est intéressante, il y a beaucoup d'oxydatif mais aussi de la fraîcheur, un peu de fruit, une bonne longueur un peu saline. Le sucre a été bien mangé on ne le sent plus mais il devait y en avoir pas mal au départ pour qu'il tienne comme ça. Tout le monde est perdu entre le Jura, le Roussillon etc... Très intéressant.

 

Louis Affre, Montrachet 1964 : là vu la couleur, le bouchon tout effrité, le niveau on n'y croit pas trop. Michel a été joueur. Le nez est très beurre rance, caramel, un peu noix, il semble un peu vieux. La bouche n'a pas une grosse acidité, mais elle n'est pas oxydée, grasse, beurrée, caramélisée, assez puissante, de longueur moyenne, pas un grand vin mais on s'attendait à tellement pire que c'est une bonne surprise.

 

Remoissenet, Corton-Bressandes 1964 : un peu pareil pour celui-ci, on ne s'attend pas à un grand vin, des petits morceaux de bouchon sont tombés. Le premier nez est poussiéreux, mais avec l'aération il reprend vie, très humus, sous-bois, kirsch, pruneau, là aussi la bouche a gardé du volume, un peu de fraîcheur, le côté poussiéreux gêne un peu mais il y a de la longueur, la bouche est mieux que le nez, c'est intéressant aussi.

 

 

 

Maintenant que les bouteilles à gros risque sont passées, les choses sérieuses commencent !!!

On ne le répétera jamais assez : Bordeaux quand ça a 60ans c'est vraiment magique, même sur un millésime qui sur le papier n'était pas censé tenir aussi longtemps.

 

 

Série de 3 vins 

 

Château Beauregard, Pomerol 1964 : robe assez claire et tuilée, classique pour son âge, dans un style fin et élégant, sur les fruits rouges, le sous-bois. L'aération dans le verre lui fait même du bien, enlevant sa petite touche poussiéreuse du départ, le fruité ressort encore plus, il y a une belle allonge acidulée, c'est très digeste, tannins complètement fondus. Beaucoup de plaisir sur ce vin personnellement.

 

Château Laroze, Saint-Emilion 1964 : un peu plus sombre, un peu plus sur des fruits noirs, plus de café, de cacao, moins d'acidité, plus de rondeur, peut-être un peu plus jeune. Très joli vin qui a globalement été le préféré de la série, mais personnellement j'ai préféré le précédent. En tout cas quel niveau pour des châteaux qui ne font pas partie des plus connus sur des vins de 60ans !

 

Château Angélus, Saint-Emilion 1964 : bouchonné, dommage…

 

 

 

Nouvelle série de 3 vins, (les deux premiers sont servis en parallèle, le dernier seul)

 

Château Léoville-Poyferré, Saint Julien 1964 : la couleur est assez claire et tuilée par rapport aux suivants, il semble assez fin, sur du tertiaire et des fruits rouges, élégant, frais, à son apogée. Aucune note poivron sur les trois vins. Superbe. Ca sent la grande série !

 

Château Montrose, Saint-Estèphe 1964 : Montrose est plus foncé, plus sur les fruits noirs, plus noble et distingué mais aussi plus austère, il faut aller le chercher un peu, il en a encore sous la pédale, encore quelques tannins mais de qualité, la longueur et la fraîcheur sont vraiment incroyables.

 

Château Latour, Pauillac 1964 : plutôt dans l’esprit du Montrose, là aussi c’est encore très jeune, encore plus que Montrose, sur de beaux fruits noirs légèrement confiturés, une impression un peu minéral graphite, le tertiaire est très léger et apporte juste ce qu’il faut de complexité. Il devance les précédents surtout par sa texture de velours, un beau volume et un grain de tannin très fin. On était sur du très haut juste avant, là on est au summum. Unanimité autour de la table, un très grand vin.

 

 

Paire servie avec le bleu. On change l’ordre attendu pour déstabiliser un peu Michel…

Barros, Porto Colheita 1964 : (emb 2017) Couleur ambre clair, nez subtil de fruits à coque, datte, figue... La bouche est sucrée, gourmande, assez ronde, sans tomber dans la pataud non plus, l'accord avec le bleu fonctionne très bien. Par contre il ne faut pas trop le comparer avec la Madère bien sûr plus acide et moins sucré. C'est un très joli Porto, par très oxydatif pour un si vieux colheita.

 

Justino’s, Madère Boal 1964 : Couleur assez proche, nez très café, noisette, un peu moins de fruit. Bouche plus tendue, moins sucrée, plus d’acidité, plus saline en finale, encore beaucoup plus longue, sur le café et la noix et beaucoup d'umami. L'accord sur le bleu n'est pas très bon, là aussi on le sirote pour lui-même. Un vin qui bien sûr a un peu plus divisé que le précédent, trop "intense" pour certains, moi j'adore !

 

 

Petite pause puis une paire sur le comté

Fruitière Vinicole des Producteurs de Château-Chalon, Château-Chalon 1964 : (ancien nom de la Fruitière de Voiteur) un jaune classique, qui manque un peu d'intensité par rapport aux meilleurs. Par contre il semble bien meilleur sur le comté. La salinité du comté fait ressortir la salinité du Château-Chalon. Est-ce l'effet "multiplicateur" de l'umami ?

 

Toro Albala Marques de Poley, Palo Cortado Montilla-Moriles 1964 : (cépage PX, emb 2018) On précise bien de boire celui-ci après, beaucoup plus d'intensité ici, on passe de 14 à 22% d'alcool, ça se sent, encore jeune, puissant, très sec, très salin, très fruits secs, la longueur est immense. L'accord avec le comté ne marche pas très bien par contre. Pas grave on finit le fromage et on le boit seul, il se suffit à lui-même. Certains ont un peu de mal avec la puissance de ce vin et son acidité très haute. Moi je trouve ça grandiose !

 

 

 

 

Série en deux temps sur du chocolat peu puis un peu plus sucré avec un rouge puis deux VDN

 

Bertani, Amarone recioto della valpolicella classico sup 1964 : (emb en 1983, 3,6gr SR) La couleur est très sombre, le nez fait très jeune, très cassis, mûre, pas du tout d'évolution, on dirait un jeune Valpolicella ou un jeune vin du sud, avec une toute petite touche de sucrosité. Je ne suis pas expert des vieux Amarone, mais ça ne correspond pas du tout à ce que j'attendais, j'ai souvenir de Bertani des années 2000 plus clair en couleur, plus café, un peu d'oxydation. 1964 est le grand millésime du coin, les vins ont bien tenu soi-disant, mais quand même... Le bouchon Bertani fait pourtant vieux et légèrement imbibé. Michel a une seconde bouteille dans sa cave, il pourra peut-être nous en dire plus dans quelques temps, mais là je suis un peu dubitatif. Si quelqu'un a déjà bu ce vin je suis preneur d'avis...   Du coup Michel ouvre la seconde bouteille une semaine plus tard, rien à voir, couleur rouillée, nez café, kirsch, notes oxy. Bouche toute en tension, très droite, grosse acidité, un peu d'amertume, puissante, un peu serrée, finale immense, très saline, l'impression d'une finale de palo cortado/amontillado, oxydative mais noble et très racée. Il a divisé. J'ai pour ma part beaucoup aimé, et je retrouve la patte Bertani cette fois-ci.

 

Templers Mas de la Serra, Banyuls Grand cru demi-sec 1964 : a un peu souffert de la comparaison, m'a semblé assez rond, sucré pour un demi-sec, manquant d'acidité et de longueur dans cette soirée de haut niveau.

 

Cazes, Rivesaltes 1964 : (muté 2 sep 1964, mis en foudre 30 mars 1965, mis en bt en 2022) Ayant déjà bu plusieurs Cazes des années 70 qui étaient tous bons mais pas exceptionnels, je ne l'attendais peut-être pas à ce niveau-là et Michel non plus. Superbe Rivesaltes qui rivalise en intensité et en longueur avec le Madère ou la Palo Cortado (même si ce dernier est plus sec donc assez différent) qui sont pourtant un peu plus hauts en alcool, la finale est immense, là aussi sur une sensation saline qui va très bien avec le chocolat, magnifique avec une petite touche caramel et fleur de sel. D'ailleurs je ne sais plus si c'était dans le vin, le dessert ou dans les deux !

 

 

Bonus surprise ouverte à la débottée par l’un des invités :

 

Château d’Yquem, Sauternes 1989 : Couleur or profond, nez assez classique, jeune, de miel, safran, fruits jaunes. La bouche trouve son équilibre sur les amers plus que sur l’acidité, on sent le millésime assez solaire. C’est excellent mais un poil plus d’acidité lui aurait permis d’être grand. Bon derrière les VDN, je suppose que je n'ai plus les papilles bien en place. Ceux qui sont à l'aveugle le trouvent sublime en tout cas.

 

Yvan Auban, Bas-Armagnac 1964 : (emb 2023) On termine tranquillement avec un fond d’Armagnac, au nez subtil, léger boisé, fruits secs, prunes…, avec une petite touche sucrée gourmande. La bouche est punchy, sèche, peut-être un peu trop marquée par le long vieillissement, ça aurait pu être sorti du fût 10ans plus tôt, mais ça marche très bien pour finir.

 

 

 

Encore Bon Anniversaire et grand merci Michel ! Voilà 60ans fêtés dignement.

 

Quel beau métier lorsqu'il permet de vivre ce genre de moments et de faire d'aussi belles rencontres !

 

 

Commentaires